Lolita

Là, on a affaire à un roman vraiment spécial. Le thème est vraiment scabreux et l’on entre directement dans le vif du sujet. Il n’est pas étonnant que la parution de ce roman fût houleuse et que messieurs les censeurs ont eu les cheveux qui se sont dressés droit sur la tête. En fait, il s’agit d’une histoire d’amour vécu par un homme d’âge mûr et d’une enfant. Avant de lire ce livre, je pensais que Lolita était une adolescente émancipée. Et bien non le narrateur ne s’intéresse qu’aux très jeunes filles (de 9-12 ans) qu’il nomme ses nymphettes, et l’ambiguïté tombe bien vite sur ses intentions, il se définit clairement comme un pédophile, mais maîtrise tant bien que mal ses pulsions. Il va parvenir, malgré tout à ses fins, suite à sa rencontre avec Lolita, et un ignoble concours de circonstances. Dès cet instant il sait que ce bonheur éphémère et défendu le mènera inéluctablement à sa perte. Le lecteur également, dès le début de l’œuvre, sait que l’histoire se terminera mal, mais Nabokov réussit à maintenir notre curiosité jusqu’au tout dernier chapitre. Les descriptions des désirs et tourments du personnage central pour sa nymphette sont tellement détaillés et retranscris minutieusement que je me suis interrogé sur un aspect autobiographique tant cela reflète une éventuelle vérité. C’est là le tour de force de Nabokov (et je pense qu’il a fallu qu’il s’en défende) pour nous rendre vraiment mal à l’aise, ou voyeurs de cette histoire interdite. Ainsi soit l’on rejette, soit l’on accepte la lecture de ce livre. En filigrane de ce roman, on assiste également à une puissante critique de l’Amérique puritaine, et de l’avènement de sa société de consommation, qu’il oppose à la vieille Europe, allant même jusqu’à les comparer physiquement.
Une lecture assez ardue, que je ne regrette pas du tout, amenant de nombreuses réflexions sur les lois de l’Amour au sein de nos sociétés modernes, j’avoue avoir été tout de même sensible aux émois et culpabilités de cet homme torturé par une histoire d’amour singulière et interdite, car transposable à d’autres tentations taboues.